SUR CETTE PAGE
Le Dialogue, moteur d'une vie
Quinze causeries en Chine, déclaration d'amour
Le livre du thé, un concentré de culture asiatique
Pourquoi les chinois ont-ils le temps ? Les chinois et la profondeur
La Chine à Paris, documenté
Le Dialogue, moteur d'une vie
Ce livre est la référence de l’interculturalité franco-chinoise, d’abord parce que son auteur est lui-même une référence en la matière, à la fois natif de Chine, poète dans les deux langues, romancier, linguiste et académicien français, mais aussi parce que ce mince ouvrage concentre l’essentiel des trouvailles du maître, articulées de façon claire et logique, des trouvailles empiriques post-théorisées constituant son socle de vie, d’attitude et de pensée.
François Cheng (il s’agit bien de lui) décrit dans Le Dialogue ce qu’il appelle le deux et le trois, la dualité occidentale sujet-objet associée à la notion de souffle oriental. Cette définition ne se suffisant pas à elle-même, elle est patiemment annoncée et préparée par une succession d’exemples concrets illustrant une attitude d’écoute et d’échange, une pensée ouverte et une vie créative. Il saisit par exemple l’instant ou Cézanne et sa montagne se rencontrent pour former une grande oeuvre, ou encore le moment ou lui-même, François Cheng, a l’idée de faire un parallèle entre telle période de l’art occidental et telle autre période de l’art chinois. En érudit, il cite des poètes et révèle la source de l’énergie qui les anime. Cet essai se lit comme un roman initiatique, le roman du résumé de la vie intellectuelle, sensible et mystique de l’auteur, à travers ses expériences du quotidien. Il complète utilement ses recueils de poèmes, les éclaire et les met en valeur de belle manière. Une qualité domine ce texte : la simplicité, l’évidence, l’art de décrire un concept par l’expérience sans prendre la peine de le démontrer, d’autant plus qu’il n’est pas forcément démontrable. François Cheng nous parle plus de ce à quoi il croit que de ce qu’il est capable de prouver, mais la solidité de sa double culture et sa grande perspicacité nous rassurent. À chacun de se faire son opinion.
Référence : lu dans l'édition d'octobre 2002 (Editions Desclée de Brower)
Quinze causeries en Chine, déclaration d'amour
J.M.G. Le Clézio fait une déclaration d'amour à la Chine littéraire, en quinze conférences données dans des universités d'un pays qu'il connait bien pour le visiter souvent. Il a même souhaité y aller très tôt dans sa carrière en s'embarquant dans les valises d'une mission de coopération, mais s'est fait coiffer sur le poteau par un normalien qui, quelques années plus tard, l'invitera à le rencontrer sur place (la Chine étant entretemps devenue le lieu de résidence du normalien en question, marié à une chinoise).
On apprend beaucoup de choses dans cet ouvrage, constats et réflexions empreints de sagesse, vision d'un littéraire sur un monde tiré par les avancées technologiques, parallèles entre plusieurs cultures et plusieurs époques, avant de décoder les prudentes recommandations de l'auteur pour l'avenir. Prudentes mais pas timorées. Simplement étayées et cohérentes, ce qui interdit l'excès.
Référence : lu dans l'édition d'avril 2019 (Editions Gallimard, NRF)
Le livre du thé, un concentré de culture asiatique
En 1906, Okakura Kakuzô a cherché et trouvé le dénominateur commun des cultures asiatiques, notamment indienne, chinoise et japonaise. Le thé. A travers la description d'un rite, de ses sources et de ses significations, nous découvrons une nouvelle forme de démocratie qui prend sa place dans la fameuse chambre de thé. En franchissant son seuil, volontairement bas pour stimuler un nécessaire sentiment d'humilité, on découvre entre autres choses quatre vertus, harmonie, respect, pureté et sérénité.
Okakura est bi-culturel, à la fois japonais et anglo-saxon. Il maîtrise la langue anglaise à un point tel que la qualité d'écriture est patente y compris dans sa traduction. La clarté des raisonnements et des évocations, des exemples et des récits de faits historiques ou légendaires, nous fait comprendre de manière accélérée quelques ressorts clé d'une culture qui sans cette lecture serait restée incroyablement opaque. Pire encore, sans cette lecture, on pourrait croire que l'on comprend les grands traits culturels de l'Asie, alors qu'on ne fait que tâtonner à leur périphérie.
A lire absolument.
Référence : lu dans l'édition de mai 2006 (Editions Philippe Picquier)
Pourquoi les chinois ont-ils le temps ? Les chinois et la profondeur
J'ai eu la chance de rencontrer Christine Cayol un matin calme, dans ses murs parisiens. Son association y héberge des étudiants chinois en résidence à Paris. Nous avions tous deux du temps, ou plutôt nous le prenions. Elle m'a fait parler de moi, de mes projets, me scrutant intensément à la façon des personnages qu'elle décrit dans son livre "Pourquoi les chinois ont-ils le temps ? (Editions Tallandier)".
Elle s'y montre spécialiste du rapport au temps dans la culture chinoise. Vivant à Pékin depuis de nombreuses années, elle nous livre dans une langue claire, au rythme soigné, des clés pour comprendre et s'adapter. L'angle du temps est un choix judicieux pour découvrir la Chine. Il fait émerger divergences et convergences avec la culture occidentale propres à nous éclairer. En chinois, la conjugaison n'existe pas, donc le présent est intense. Un présent continu, lien entre passé et futur.
Au delà du sens, l'écriture est belle, évidente, sincère. Christine Cayol écrit un essai plaisant, qui se lit comme on lit un roman. Le lecteur s'instruit en profondeur, presque sans effort. Il apprécie des parallèles inattendus autant que bienvenus entre maladie d'Alzheimer et univers de Proust, entre peinture occidentale et importance de la transmission ("Regarde. Voici le monde") et entre mythes fondateurs. Il découvre aussi l'écrivaine elle-même, sa pudeur, son humilité et sa franchise. Ce n'est pas le moindre des attraits de ce livre.
Référence : lu dans l'édition d'avril 2017 (Editions Taillandier)
La Chine à Paris, documenté
Le coordinateur de cet ouvrage collectif a commençé par faire des questions sociales l'objet d'une démarche entrepreneuriale, avant d'en devenir un acteur associatif. Sa passion : les dynamiques des migrations entre la Chine et la France, les solutions à trouver à des problèmes récurrents liés pour la plupart à la méconnaissance réciproque de deux peuples, et au delà de maintes cultures régionales car la Chine, comme la France, n'est pas un bloc monolithique comme trop de français le pensent encore.
On entre avec ce livre dans la réalité des chinois réguliers et clandestins, sans rester prisonnier d'images fortes comme la defenestration d'une mère désespérée en 2007 (cf aussi à ce sujet Le voyage du fils) mais en examinant les ressorts et les causes, les pistes d'amélioration de la situation dans une approche gagnant-gagnant. Des experts des deux pays sont conviés à s'exprimer, universitaires et leaders communautaires, sur un ton oscillant entre vulgarisation et académisme. Le bon ton pour rendre compte à la fois avec rigueur et passion d'une réalité méconnue, comme le sous-titre le souligne.
À noter : l'annexe 3 est absolument incontournable pour ceux qui veulent comprendre les différences entre les deux cultures, avec des entrées comme "Principes de connaissance", "Temps", "Stratégie", "Opérationnel", "Action", "Changement", "Efficacité", et j'en passe.
Référence : lu dans l'édition d'avril 2012 (Editions Robert Laffont)
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Le Dialogue, moteur d'une vie
Quinze causeries en Chine, déclaration d'amour
Le livre du thé, un concentré de culture asiatique
Pourquoi les chinois ont-ils le temps ? Les chinois et la profondeur
La Chine à Paris, documenté
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