SUR CETTE PAGE
La signification de l'existence, jubilatoire
Moi et François Mitterand, humour décalé
Le cafard, biomimetique
La signification de l'existence, jubilatoire
Épuisée chez l’éditeur, encore trouvable d’occasion chez des revendeurs en ligne, en petite quantité, cette pépite d’humour philosophique est à découvrir. Deux auteurs italiens facétieux se sont amusés à coécrire ce conte moderne rendu nécessaire par le manque de repères dont se plaignent les gens autour d’eux. Ils imaginent l’aventure de deux journalistes dits philosophiques, appartenant à une catégorie professionnelle inconnue dans notre réalité, qui au contraire a ses lettres de noblesse dans leur fiction, où les grandes questions existentielles sont au coeur de l’information, centrales dans tous les media, bénéficiant d’autant de crédit qu’une analyse économique, qu’une rubrique culturelle ou sociale dans notre vrai monde. Menée à la façon d’une enquête policière, avec espions, égérie, voyages lointains en quête d’indices, la narration est délicieusement décalée. Le dénouement, comme on s’y attend, est à méditer longuement.
Référence : lu dans l'édition de juin 1996 (Arléa)
Moi et François Mitterand, décalé
Hervé le Tellier, auteur oulipien d‘un Goucourt, propose une récréation épistolaire. Brodant sur le sens caché présumé de réponses types adressées par l’Élysée à un correspondant imaginaire, il imagine un dialogue plein d’humour entre un quidam et une succession de Présidents de la République. Il en profite pour donner son avis sur tel ou tel évènement, sur un comportement, une décision ou une attitude de ces chefs d’état, toujours sur le ton faussement naïf d'un citoyen lambda.
Référence : lu dans l'édition de décembre 2022 (Folio, Gallimard)
Le cafard, biomimétique
Il semble que l'absurdie inspire les auteurs souhaitant passer un message politique. Qu'en conclure ? Que les deux univers se rejoignent, qu'ils sont parallèles, homothétiques, bijectifs ? Ici Ian McEwan, l'auteur anglais probablement le plus en vue du moment, s'abandonne à un délire chargé de sens : les protagonistes du Brexit seraient en réalité des cafards transformés en humains. En réalité le Brexit n'est jamais nommé. Il est implicitement évoqué par un programme politique profondément décalé appelé le reversalisme, consistant à inverser les flux monétaires : le commerçant ou le prestataire paie le client et non l'inverse, et un salarié donne de l'argent pour travailler au lieu d'en recevoir. Ce livre pourrait s'intituler "entre les lignes", car il n'y a jamais d'attaque directe du pouvoir réel. Aucun juriste ne peut attaquer un écrivain se moquant du reversalisme, car personne ne l'a mis en place.
Référence : lu dans l'édition de mars 2020 (Gallimard)
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