A chaque nouveau titre Philippe Djian se réinvente. Dans 2030 il se projette dans un monde où les tendances observables aujourd'hui sont devenues les piliers d'une société déchirée. Les mécanismes de la séduction sont toujours présents et présentés sous un jour original, comme souvent dans son oeuvre, avec une touche d'érotisme plus légère qu'au début de sa carrière. Le style reste fluide tout en introduisant une modernité que l'on devine inspirée par une exposition au zapping d'une adolescence hyper-connectée : la transition différée. Le texte est une succession de tableaux, mais on ne comprend que le tableau a changé que plusieurs phrases après l'invisible césure.
Il en résulte un rythme ultra-rapide, symbolisé par la Porsche du personnage principal, véhicule décalé car doté d'un moteur thermique dans cette ère dévastée par des cataclysmes climatiques récurrents de plus en plus mortels et de plus en plus fréquents, dont la violence n'est égalée que par les révoltes et révolutions fleurissant au quatre coins du monde contre un pouvoir dont les réelles motivations ne sont pas décrites. Il faut les deviner. L'argent ? La foi en un système ? La force d'un réseau ? Ou simplement le manque d'imagination pour inventer un nouveau modèle ? A chacun de se faire son opinion.
Comments