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Dernière mise à jour : 28 août

SUR CETTE PAGE

L'enfant noir, autobiographie heureuse

Le matin des origines, relecture

Chromes, libres et inspirés

Le jeune homme, miroir amoureux

Verte et les oiseaux, conte aérien

L'éloquence de la sardine, une docufiction à l'écrit

Tokyo crush, étonnant

Patients, optimiste

Flagrant Dali, phénomène

La supplication, glaçant

Enfant de salaud, nouvel angle

Cher amour, stylé



L'enfant noir, autobiographie heureuse


Le livre qu'il faut lire avant d'aller en Guinée. Écrit avant la période dite des indépendances, il relate l'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte d'un bon élève arraché à son milieu rural, puis à son pays pour aller confirmer les espoirs qu'une partie de sa famille et ses professeurs ont placés en lui. L'auteur se montre heureux la plupart du temps, sans tomber dans la nostalgie. Les rites de passage sont décrits par le menu et font entrer dans la réalité d'un peuple, de ses coutumes et traditions. Le lien entre ces rites et le caractère courageux des adultes qui l'ont vécu est clairement affirmé.


Le style est brillant, celui d'un maître de la langue jonglant avec les passés du subjonctif à bon escient. Les phrases frappent par leur justesse, comme dans "Je ne sais d'où vient que l'idée de rusticité (...) s'attache aux champs : les formes de la civilité y sont plus respectées qu'à la ville ; on y observe un ton cérémonieux et des manières que, plus expéditive, la ville ne connait pas".




Le matin des origines, relecture


Livre très court découvert au festival littéraire de Lagrasse, dans l’Aude, ce matin des origines pousse ses lectrices et lecteurs à se remémorer leur premier souvenir. Une prairie baignée de soleil, des personnages, une menace, un succès, autant de déclencheurs d’une émotion primordiale capable d’ancrer une vie. Le récit est autobiographique et résolument passionné par un lieu, une région bien précise - le Quercy. Si par hasard un de nos proches y est aussi né, le partage est d’autant plus intense. On songe à lui offrir ce petit ouvrage qu’il saura terminer en peu de temps ; s’il aime, tant mieux ; s’il s’ennuie, ce n’aura pas été bien long. Pierre Bergounioux, élève de Roland Barthes, engage un dialogue ambigu dans la mesure où on ne sait pas très bien à qui il s’adresse, à lui-même en même temps qu’à d’autres situés devant ces pages ou ailleurs. Chacun est libre de forger le cadre de sa lecture. C’est reposant, ouvert, très bien écrit (plutôt logique de la part d’un normalien) ce qui veut dire ici que les mots sont choisis et les tournures précises. À loger à un endroit stratégique dans une bibliothèque, si mince qu’il peut jouer un rôle de repère ou d’interface entre ses voisins, un simple trait couleur bouton d’or.




Chromes, libres et inspirés


C’était en décembre à Narbonne. Cette semaine-là je visitai la librairie indépendante du centre-ville chaque jour, et chaque jour j‘y trouvai une pépite inattendue. L’une d’entre elles s'appelle Chromes, par Maylis de Kerangal, un tout petit livre d’une trentaine de pages à peine, une invitation à passer un court moment de littérature avec une auteure que j’apprécie autant pour l’originalité de ses livres que pour son authenticité dans son rapport à l’autre. Maylis de Kerangal, à la différence de beaucoup d’écrivains, est d’une transparence totale quand il s’agit de parler de sa façon d’écrire. Elle en parle avec un naturel que l’on retrouve intact dans ce témoignage écrit, avec une vraie passion pour l’observation de l’acte créatif, y compris le sien. Elle décompose un décor, une image, une atmosphère ou un lieu en implications et déductions multiples et de plus en plus fines, cherchant à travers ses impressions et ses émotions à cerner la vérité intime du point de départ, du déclencheur d’investigation que peut-être un paysage de l’ouest américain ou un portait de peintre.


Substrat
Texture

Une citation résume tout : « … si dans la vie les choses s’épuisent, le roman, lui, demeure le lieu de l’inépuisable. Ce qui est épuisé dans la réalité est relancé dans la littérature, par l’écriture mais aussi par la lecture, processus infini de réactivation des récits".


Une fois de plus bravo à cette femme de lettres qui mérite d’être lue mais aussi découverte en tant que personne. Ce petit livre nous en donne l’occasion.




Le jeune homme, miroir amoureux


Annie Ernaux, écrivaine dans la Blanche chez Gallimard, finit par s’éprendre d’un jeune inconnu qui la poursuit de ses assiduités. À travers lui, son entourage et de surprenantes coïncidences, elle revit sa propre vie étudiante à plus de trente ans de distance. Elle décrit avec acuité le regard en coin des passants se retournant au passage du couple, dénonce l’asymétrie de perception avec l’inverse, si courant, un homme d’âge mûr ne craignant jamais de s’afficher avec celle qui pourrait être sa fille. Elle considère cette expérience comme utile voire nécessaire pour surmonter les blocages qui l’empêchent de se mettre à écrire son prochain livre. Le jeune homme devient alors à son insu un tremplin pour l’artiste, un moteur de sa création. Comment finit une telle histoire, si elle finit ?




Verte et les oiseaux, conte aérien


Un ami de longue date, que vous n'avez pas vu depuis quarante ans, vous donne ce petit livre intitulé Verte et les oiseaux en faisant l'éloge de son auteure turque, héroïne de la résistance à l'obscurantisme d'état qui sévit dans son pays. Forcément, vous y voyez un message, une leçon de sagesse donnée par un professeur se souvenant de vous enfant, ou pré-adolescent. Il précise que cette femme est une Antigone, et en profite pour vous conseiller la lecture de Sophocle. Votre esprit s'envole et imagine la trame des pièces perdues signées par les grands dramaturges grecs, revient vers Pinar Selek et essaie de rapprocher le propos du conte de son expérience militante, car cet engagement est si profond, si sincère et si connu qu'il ressemble à l'élément absorbant des mathématiques, attirant à lui toutes les pensées ayant un rapport proche ou lointain avec l'auteure.


Verte et les oiseaux véhicule un message de rébellion sereine, le conseil d'une femme ayant failli tout perdre et s'en étant sorti grâce d'abord à l'aide de gens (et d'animaux, c'est un conte) dont elle a su gagner la confiance, puis grâce à sa propre détermination face à l'adversité. Rien n'est insurmontable, semble dire ce conte, et surtout pas les obstacles dressés entre un peuple et la vérité.


Référence : le texte a été lu dans l'édition de mars 2017 (Éditions des Lisières)



L'éloquence de la sardine, une docufiction à l'écrit


Ce livre ne ressemble à aucun autre. Il raconte des histoires d'eau sous un angle inédit, en tirant leur fil - de pêche - entre abysses et rivages tout autour du monde. L’auteur est à la fois scientifique, stand-upper, pécheur au gros et écrivain. On pense à Hemingway, bien sûr, même si ce livre n’est pas un roman, mais plutôt une collection de docufictions, de transpositions écrites d’une série streamée restant à produire. La personnalité de l’auteur est présente et visible à travers une auto-mise en scène cohérente avec son expérience du sketch. Le savant équilibre entre références littéraires et ichtyologiques, passion et humour est à l’image du personnage. Lorsqu’il dénonce la démagogie d’un journaliste néo-zélandais confondant une espèce de requin inoffensif avec un mangeur d’homme, il le fait avec une belle astuce. À découvrir.


Référence : le texte a été lu dans l'édition de mai 2021 (Éditions J'ai lu)



Tokyo crush, étonnant


La ronde amoureuse de cette jeune femme immigrée à Tokyo, utilisant ses rencontres pour progresser dans sa compréhension de la culture locale, est à la fois originale et bien rendue par une écriture simple et efficace. Les courts chapitres font entrer le lecteur progressivement dans les moeurs de tokyoïtes plus ou moins timides, plus ou moins audacieux, plus ou moins curieux de l'autre. Tout est code. Le code permet de gagner du temps car tout le monde sait l'interpréter, mais il force aussi à la patience. Sans jamais l'exprimer ainsi, ce livre-témoignage fait en réalité l'apologie de la politesse, au coeur de la séduction que la ville exerce sur l'autrice.


Référence : le texte a été lu dans l'édition de 2023 (Éditions Komon et Les Arènes)



Patients, optimiste


Grand corps malade témoigne sans fioritures, comme dans ses textes slamés. Une de ses signatures est probablement cette économie de mots, le conduisant à saisir l'essentiel et à le partager avec succès. Ici il décrit ses séjours en établissements de soins à la suite de l'accident qui l'a handicapé à vie. Des complicités se nouent. Lorsque les phénomènes de groupe sont transposés dans un univers fermé à plusieurs titres, par des murs de béton mais aussi par des obstacles cognitifs ou moteurs, ils deviennent encore plus structurants pour la vie de tous les jours. L'entraide est obligatoire, entre soignants et patients, entre soignants et entre patients, aussi bien au niveau des gestes que du moral. Les rivalités, les moqueries et les angoisses collectives existent aussi ; sont-elles atténuées ou amplifiées par les conditions extrêmes dans lesquelles elles s'expriment ? Cela n'est pas dit. Chacun peut se faire son opinion vis-à-vis des faits quasi-bruts, à peine teintés d'humour, relatés par l'auteur dans une langue reconnaissable entre mille, à la fois d'une grande authenticité et d'une grande réserve, accessible à tous.


Référence : le texte a été lu dans l'édition de février 2017 (Points)



Flagrant Dali, phénomène


Après avoir apprécié une après-midi passée à l'atelier des lumières, dans l'est parisien, où des oeuvres de Dali et des créations de Gaudi sont projetées et animées sur des murs blancs géants et illustrées par un florilège de tubes rocks bien calibrés, on tombe sur ce petit livre en traversant la boutique avant de sortir. Flagrant Dali, par le Capitaine Peter Moore, compile des anecdotes vécues par l'auteur, chargé des relations publiques et de la commercialisation du produit Dali. Le Capitaine Moore a passé quinze années au service d'un des couples les plus fantasques de l'histoire de l'art, usant de toute la diplomatie dont il était capable pour supporter les caprices parfois très osés du Maître catalan et de sa muse.


Dali avait un talent fou. Voilà probablement pourquoi il fut possible à l'auteur de durer aussi longtemps dans ce rôle difficile, trouvant des compensations dans la fréquentation instructive d'un véritable maître et dans le potentiel en dollars qu'il représentait. Dans cette tranche de vie on croise aussi Amanda Lear, Pablo Picasso, Richard Nixon et des milliardaires amateurs d'art.


Référence : le texte a été lu dans l'édition de 2009 chez Grasset.



L'ange et la bête, mesuré


Bruno Le Maire est normalien, comme Georges Pompidou en son temps, ce qui lui permet de confronter son quotidien à sa culture. Il use de ce procédé simple tout au long de ce témoignage de ministre pour dépasser les apparences, prendre du recul et dégager des pistes possibles de progrès dans un réseau dense de contraintes. Trouver la simplicité pertinente cachée derrière la complexité générale : un défi. Ce texte est assez touchant parce que plutôt humble, sans pour autant sombrer dans la fatalisme. Il se distingue nettement des grandes déclarations exagérément assurées de la plupart des politiques du moment.


Référence : le texte a été lu dans l'édition du 24 mars 2022 (Gallimard / Folio)



La supplication, glaçant


Prix Nobel, Svetlana Alexievitch est donc à lire. Sinon pourquoi lui avoir décerné le prix supème ? Mais ce livre ne serait-il pas plutôt un Pulitzer ? L’écriture est résolument journalistique, juxtaposant des témoignages affligeants de simples citoyens biélorusses dont la vie et pour certains les conditions d'une mort prochaine sont profondément affectés par l’explosion d’un réacteur nucléaire à Tchernobyl dans les années 80. La plume est fidèle aux mots des personnages interviewés par l’autrice, sans analyse, sans expression d’opinion autre que celles des intéressés. C’est instructif, glaçant, nous conduisant à nous interroger sans fin sur les mérites comparés de l’âme russe (ou est-elle soviétique ?) et de ses héros d’une part, sur un respect de la vie humaine ancré dans les cultures dites occidentales d’autre part.

Pourquoi un tel titre ? Les intervenants ne supplient guère, ils s’interrogent, se révoltent parfois. Ou alors ils supplient quelqu’un, l’autrice elle-même peut-être, de leur expliquer en quoi l’évènement et ses conséquences peuvent être expliqués, justifiés à l’aune de ce à quoi ils croyaient ou faisaient semblant de croire, un système, une nation...


Référence : le texte a été lu dans l'édition de décembre 1999 (J'ai Lu) 



Enfant de salaud, nouvel angle


Sorj Chalandon s'attaque au sujet de la deuxième guerre mondiale sous un angle aussi original que douloureux : la relation plus que difficile qu'il entretient avec un père au passé trouble. A-t-il été collaborateur ? Pendant toute la durée de la guerre ? S'est-il acheté une conduite sur le tard ? Qu'est-ce qui est prouvé, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Ces questions sont communes à beaucoup d'enfants de parents ayant vécu en France à cette époque.


Un père et son fils se tiennent par la main sur fond sombre
Mon père qui es-tu ?

La conclusion surprend. On a beau se préparer à un dénouement inattendu, survenant à l'issue d'un parallèle instructif entre deux procès historiques, peu d'indices permettent de deviner la vraie trame de l'histoire avant la fin.


Lu dans l'édition d'août 2021 (Grasset)



La commode aux tiroirs de couleurs, histoire de famille


Olivia Ruiz écrit juste. Bravo à JC Lattés d'avoir séduit cette auteure qui n'attendait que d'être connue pour ce talent d'écrivaine. Car elle confirme ce qui s'exprime dans sa prestation de chanteuse : une intelligence des mots, des situations et des postures. Dans ce premier livre, elle articule une histoire de famille inscrite dans la grande Histoire avec brio, au bon rythme, ni trop haché ni trop lent, maniant un suspense parfaitement dosé et l'art du rebondissement de bon goût à la façon d'une auteure chevronnée.


Une femme brune, les cheveux au vent, sur une plage
Ce pourrait être Olivia Ruiz

La trame est instructive, succession de tableaux collant aux grands évènements ayant affecté cette famille autant qu'au fond historique dans lequel ils surviennent. L'Espagne s'exporte dans le sang chaud de cette lignée de filles refaisant ou faisant leur vie en France pour fuir les persécutions de leur famille politique. Des morts violentes, d'autres plus naturelles, et surtout des naissances jalonnent cette histoire, jusqu'au dénouement une fois encore parfaitement dosé. Bien joué.


Lu dans l'édition de juin 2020 (J.-C. Lattès)



Cher amour, stylé


Bernard Giraudeau était non seulement acteur, mais aussi écrivain et marin, et même écrivain de Marine. Il était capitaine de frégate réserviste et témoigne dans Cher Amour d’un passage sur la Jeanne D’Arc au départ de Djibouti, entre autres pérénigrations à travers le monde, entrecoupées de ses obligations d’acteurs et de comédien. Parfois il joint l’utile à l’agréable, tournant un film au fin fond de l’ex-Indochine, jouant un colonial aux convictions très différentes des siennes. Il s’adresse aussi à la deuxième personne du singulier à un amour imaginaire, pas encore rencontré. Ce procédé littéraire lui permet de décrire celle qui saura le rendre heureux malgré les deux cancers successifs qui le rongent impitoyablement. Pas de mélo pourtant dans ces lignes. Au contraire, la description de ses moyens d’évasion par la pensée, alors qu’il essaie de surmonter des douleurs post-opératoires, rend compte d’une force de caractère hors du commun et condamne implicitement toute posture larmoyante. L’unité de l’ouvrage est fragile mais bien réelle : le voyage en est le fil rouge, voyage sur la planète de l’Amérique du Sud à l’Asie en passant par l’Afrique, voyage intérieur du comédien perfectionniste obsessionnel paralysé par le trac, voyage sentimental vers celle qu’il aime et sait exister sans jamais l’avoir rencontrée.


Lu dans l'édition de mai 2009 (Métailié)



Le promeneur narbonnais, mystérieux


Jacques Ibanès connait bien Narbonne et a commis un recueil de récits de balades dans la ville. Il a choisi une organisation thématique, depuis les lieux où l'on célèbre les livres jusqu'aux représentations d'animaux en pierre en passant par les traces de faits historiques méconnus. Qui en effet sait à Paris que Narbonne fut le théâtre d'une révolte des vignerons en 1907, conduisant à la mobilisation de l'armée et au soulèvement de toute la région, jusqu'à Nîmes à l'est et à Carcassonne à l'Ouest ?


Pavés citadins
Déambuler dans la ville

Le ton du récit est détendu, relaxant même, évoquant le rythme d'une marche au jugé dans les rues d'une ville difficile à comprendre car ses racines ont toutes été rasées. Pour contempler des vestiges de ce deuxième port de la romanité après Rome, il faut soit s'enfoncer dans le sol soit entrer dans un musée, car aucun des grands monuments ne tient plus debout, à la différence de ce que l'on peut admirer plus à l'est dans des villes de moindre importance à l'époque, mais plus préservées.


Lu dans l'édition de 2020 (L'an demain éditions)



Mémoires de chaises, doux


Ce bel ouvrage illustré, signé Bernard Soupre, traverse le jardin du Luxembourg, aussi appelé Luco par les intimes, de long en large et en travers. L'avant-propos de Martine Delerm est élégant, juste et profond. Il met en mouvement vers ce lieu qu'un nombre impressionnant de plumes célèbres ont connu. Certains y ont situé l'action de leurs oeuvres, d'autres y ont trouvé l'inspiration en s'y promenant. Les chaises se souviennent : c'est le propos de l'auteur-illustrateur, dédiant chaque double-page à un écrivain ou groupe d'écrivains, recherchant une convergence entre le texte et le trait.


Chaises au Luxembourg (jardins)
Chaises au Luco

La dernière page du livre tournée, l'ambiance du Luco reste mystérieuse. Martine Delerm en avait averti le lecteur dès l'avant-propos. Entre la gravité du palais du Sénat, tout proche, l'art de tant de poètes et de romanciers flâneurs, et la vitalité des écoliers et collégiens s'offrant une pause champêtre entre deux tranches de vie citadines, les chaises ne choisissent pas. Elles restituent une identité propre faite de toutes ces influences mêlées.


Lu dans l'édition de 2017 (Éditions du Palio)



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